Le MAINC a débuté, le 26 février dernier, sa tournée d’information sur les façons de gérer la poussière d’arsenic enfouie dans la mine Giant, à Yellowknife. Devant les membres de la communauté de N’Dilo, Daryl Hockley, directeur à SRK Consulting, a expliqué les quatre procédés que sont la congélation du poison sur place, la purification et la vente de l’arsenic, ainsi que les stabilisations chimique et physique.
Déjà, la vente de l’arsenic au marché américain pour la conservation du bois pourrait être écartée. « Il y a deux semaines, les États-Unis ont annoncé qu’ils allaient cesser d’utiliser l’arsenic pur pour ce genre de travaux », a fait savoir M. Hockley. Ce procédé aurait coûté environ 185 millions de dollars et aurait présenté certains risques au niveau des déversements à court terme, ainsi que pour la santé et la sécurité des travailleurs. Cette solution créerait un volume de déchets équivalent au volume de 7,9 immeubles Precambrian, que l’on retrouve au centre-ville de Yellowknife. L’arsenic de la mine Giant pourrait présentement remplir 7,5 édifices de 11 étages.
La stabilisation chimique entraînerait des coûts approximatifs de 400 millions de dollars, en plus de remplir l’équivalent de 45,4 édifices Precambrians de déchets. Les risques pour les travailleurs seraient de moyens à élevés, tandis que les risques de déversement à court terme seraient de 1 sur 500 et à long terme de 1 sur 3000. Plusieurs camions contenant divers produits chimiques devraient aussi prendre la route pour Yellowknife.
La stabilisation physique, qui consisterait à utiliser le ciment pour fixer l’arsenic, coûterait environ 230 millions de dollars. Les risques de déversement à court terme seraient de 1 sur 500, la probabilité de déversement à long terme serait de 1 sur 5000 et les risques pour les travailleurs seraient de moyens à élevés. Ce procédé créerait l’équivalent de 24,5 édifices Precambrian.
Pour ces derniers procédés, la meilleure façon d’extraire l’arsenic du sous-sol serait de creuser un gigantesque puit à ciel ouvert qui entraînerait même une déviation du tracé d’Ingraham Trail. À elle seule, l’extraction du déchet toxique coûterait 50 millions de dollars et des résidus d’arsenic resteraient immanquablement dans le sous-sol. « Ce qui signifie que nous devrions traiter l’eau pour toujours », de souligner M. Hockley.
Présentement, l’arsenic est entreposée dans 15 chambres souterraines située entre 80 et 200 pieds de la surface. La mine, quant à elle, va à 2000 pieds de la surface. Un système de pompage et de traitement empêche l’eau souterraine de rejoindre l’arsenic. « Ces pompes ne sont pas en opération 24 heures sur 24 parce que l’eau monte très lentement », de préciser Dave Nutter, consultant pour le MAINC. La compagnie Miramar, qui extrait toujours de l’or à la mine Giant, est responsable de l’entretien et de la surveillance du système actuel, ce qui occasionne des coûts de 4 millions de dollars par année.
L’une des solutions envisagée est de laisser l’arsenic sur place et de maintenir le sol en congélation par un système de 800 tuyaux entourant les chambres. La congélation du sol empêcherait ainsi l’eau souterraine d’atteindre l’arsenic, mais un traitement des eaux resterait nécessaire à plus court terme. Selon l’étude effectuée par SRK Consulting, c’est cette solution qui amènerait le moins de risques. L’évaluation des coûts est fixée à 55 millions de dollars, mais pourrait atteindre 70 millions. Les déchets produits par ce procédé pourraient remplir 0,2 édifice Precambrian. Ces déchets proviendraient principalement du traitement des eaux. Le site resterait cependant sous surveillance pour une longue période de temps.
Le réchauffement climatique ne semble cependant pas inquiéter M. Nutter. « Ils utilisent cette technique au Tennessee pour garder des déchets radioactifs. On ne peut pas dire que le climat qu’ils ont là-bas est le même qu’ici », lance-t-il.
Quelle que soit la solution préconisée par le MAINC après la ronde de consultations communautaires qui conduira les représentants à Yellowknife, N’Dilo et Dettah, c’est le fédéral qui devra payer la facture. « Le gouvernement fédéral reconnaît et accepte sa responsabilité », de déclarer M. Nutter lors de la séance d’information tenue à N’Dilo.
M. Nutter signale aussi que la compagnie Miramar et le MAINC ont chacun un plan d’urgence en cas de catastrophe et de déversement à la mine Giant. Cependant, celui-ci ne voit pas vraiment comment un déversement pourrait survenir. « En tant que géologue, je peux m’avancer sur le fait que les risques de séisme sont virtuellement impossibles dans la région de Yellowknife », dit-il.
Le MAINC espère choisir la solution d’ici le mois de juin prochain. Le procédé sera ensuite soumis à l’Office d’examen des répercussions environnementales de la vallée du Mackenzie. Plusieurs années pourraient s’écouler avant que les premières actions concrètes ne débutent sur le terrain.