Ce dimanche 15 octobre à 16 h, les lumières de la salle numéro 3 du cinéma Le Capitole à Yellowknife se sont éteintes pour faire place à l’atmosphère électrique du film Le Plongeur de Francis Leclerc. Première projection du cinéclub de l’AFCY, en partenariat avec le Western Arctic Moving Pictures (WAMP), le film était précédé par le court-métrage « Long story short: The Mad Trapper », réalisé par le ténois Emmanuel Ramos.
Cette première diffusion de films francophones marque le début d’une envie communautaire de faire perdurer la langue française à travers le 7e art au sein d’une programmation généralement anglophone. Il est important de souligner que Le Plongeur pouvait s’apparenter à une projection « test » pour évaluer l’intérêt des ténois à venir visionner des films en français. Le long métrage du réalisateur québécois Francis Leclerc a su relever le défi avec 71 ventes enregistrées, et à notre plus grand bonheur, nous pouvions entendre le français et l’anglais se mélanger dans les discussions postprojection.
Le Plongeur c’est l’histoire de Stéphane, 19 ans, vivant en dehors de toute réalité, qui devient joueur d’argent compulsif. Pour s’en sortir, et surtout pour rembourser ses dettes de jeu, il décide d’accepter, un peu à contrecœur, un travail de plongeur dans un grand restaurant.
Le cinéaste Francis Leclerc nous immerge dans la face cachée des restaurants : les cuisines ; en peignant un portrait réaliste et noir des dépendances diverses dont souffrent bien trop souvent les travailleurs de ce milieu. Le réalisateur réussit notamment à merveille le contraste entre une salle de restaurant luxueuse et sans tache, avec une cuisine, parfois crasseuse, composée de cas sociaux, alternant consommation de drogue et petites magouilles pour sortir de leurs conditions de citadins sans devenir.
Avec une scénographie très travaillée, le film est rythmé par les guitares de grands tubes de heavy metal et de hard rock et nous fait voyager à l’époque du cinéma analogique grâce à une image aux couleurs chaudes et contrastées. On reconnait ici une mise en scène presque scorsesienne, à travers la voix hors champ du protagoniste et des flashbacks introspectifs sur la vie des différents personnages.
Malgré un certain génie pour la scénographie, la salle se retrouve face à un scénario parfois jugé trop lisse et marqué par quelques longueurs auxquelles elle aurait bien voulu échapper. La monotonie du travail de plongeur prend parfois le dessus sur la représentation de toxicomanie, qui manque d’intensité, à savoir, la réelle sensation de manque qui replace l’être humain au rang d’animal prêt à tout pour épancher la soif de la dépendance.
On assiste à un « happy ending » peut-être trop cousu de fil blanc, comme si un retour aux sources peut finir par effacer toute trace de dépendance et les douleurs du passé.
Le Plongeur nous entraine dans la culture montréalaise du début des années 2000. C’est exactement la portée d’un tel cinéclub : découvrir la francophonie sous toutes ses formes et échanger sur nos cultures respectives. On espère pouvoir se dire que Le Plongeur est le premier film francophone d’une longue série, qui nous permettra de tous nous comprendre mieux.