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le Jeudi 14 octobre 2010 15:19 | mis à jour le 20 mars 2025 10:37 Autochtones

Entente entre le gouvernement et les Dénés Les Dénés et le gouvernement signent la paix du caribou

Entente entre le gouvernement et les Dénés Les Dénés et le gouvernement signent la paix du caribou
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Le Smoke House de N’Dilo avait des airs de Camp David la semaine dernière.

Après avoir été à couteaux tirés pendant toute une année, le gouvernement territorial et la Première nation des Dénés Yellowknives font la paix. Ils ont conclu, le 7 octobre, une entente concernant la gestion de la harde de caribous de Bathurst.

En vertu de l’entente paraphée au Smoke House de N’Dilo, les Dénés pourront abattre un maximum de 350 caribous par année, à l’intérieur de la zone de conservation établie l’an dernier. De ce nombre, 200 devront provenir d’une harde autre que la harde de Bathurst, et les chasseurs devront s’assurer que quatre caribous abattus sur cinq sont des mâles.

Pour les Dénés, qui chassent depuis les temps immémoriaux, cela signifie qu’ils devront, pour la première fois de leur histoire, tenir le compte de leurs prises.

« C’est quelque chose que nous n’avons jamais fait auparavant et nous devrons apprendre. Avant, on venait dans le territoire, on prenait autant de caribous qu’on le désirait et on s’en allait. Désormais, nous devrons gérer tout cela », a commenté le chef de N’Dilo, Ted Tsetta.

La supervision des prises sera faite conjointement par le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles et les Premières nations.

L’entente survient un an après que le gouvernement territorial ait décrété, par mesure d’urgence, une interdiction de chasse qui visait tous les chasseurs, y compris les Premières nations. La mesure avait déclenché l’ire des Dénés Yellowknives, qui estimaient que le gouvernement outrepassait ses droits de gestion et violait les traités constitutionnels.

Le ministre de l’Environnement et des Ressources naturelles, Michael Miltenberger, alors partisan de la ligne dure, s’était retrouvé sur la sellette. Aujourd’hui, il se fait l’apôtre de la coopération et refuse de regarder en arrière. « Nous pouvons dire ce que nous voulons du passé, nous sommes dans le présent aujourd’hui et nous sommes déterminés à aller de l’avant », déclare le ministre, esquivant les reproches.

Pour sa part, le chef de Dettah, Ed Sangris, se dit déçu que le gouvernement territorial ait décidé de retirer, au printemps dernier, une demande de révision juridique portant sur la légitimité de l’interdiction de chasse. Le chef estime qu’une décision de la Cour aurait été favorable aux Premières nations et aurait réglé « une bonne fois pour toutes » la question de l’autorité du gouvernement territorial en matière de gestion de la ressource par rapport aux droits constitutionnels des Autochtones d’exercer une chasse de subsistance.

« Nous aurions préféré que la question soit entendue [par la Cour suprême des TNO], affirme le chef Sangris. Parce que sans une décision, la question demeure en suspens. […] D’un autre côté, nous avons consulté nos aînés et ils nous ont indiqué qu’il fallait protéger la harde. Si nous ne protégeons pas la harde, il n’y aura plus de caribous pour les générations futures. »

Si la présente entente marque un réchauffement des relations entre les Autochtones et le territoire, le chef Ted Tsetta réitère que les siens ne se laisseront pas pour autant marcher sur les pieds.

« Nous devons défendre les droits de nos membres et cela signifie que nous devons défendre nos traités », a lancé Tsetta. Selon lui, ce règlement a permis « d’éviter une autre crise d’Oka ».

La présente entente a une durée de deux ans. Le gouvernement des TNO et les Autochtones des différentes régions doivent élaborer un plan territorial de gestion du caribou d’ici 2013.

Pendant ce temps, l’Office des ressources renouvelables Wek’èezhìi a donné son accord à un plan de gestion similaire dans la région des Tlicho. Dans une décision rendue le 12 octobre, l’organisme associé au gouvernement autonome autochtone a donné le feu vert à une chasse restreinte de 300 caribous à l’intérieur de la zone de conservation, pour les communautés tlicho. Aucune cible en chiffres réels n’a été précisée, mais en vertu de ce plan de gestion, les Tlicho devront « s’efforcer » d’abattre en priorité les caribous des hardes autres que celle de Bathurst. Ces prises s’ajouteraient à celles consenties à la Première nation des Dénés Yellowknives.

Le plan de gestion tlicho suggère que la chasse demeure interdite pour les chasseurs non autochtones et les pourvoyeurs durant encore au moins trois ans. 

Ces dernières années, la harde de caribous de Bathurst a connu un déclin spectaculaire, passant de 128 000 bêtes en 2006, à tout juste 32 000 au recensement de 2008. En 1996, on recensait plus de 300 000 caribous dans cette harde.