Quelque 44 milliards $ US. C’est la somme qu’il aura fallu débourser pour l’acquisition de Twitter par Elon Musk. C’est la somme qu’il aura fallu pour s’approprier l’espace public…
C’est ce lundi 25 avril que le Conseil d’administration de « l’oiseau bleu », alors entreprise publique, aura cédé à l’offre de rachat faite par le milliardaire sud-africain naturalisé américain.
Il est inquiétant de voir qu’un individu peut se payer la sphère publique.
Il est également inquiétant d’avoir, une fois de plus, un rappel que même en 2022 et dans un pays prônant autant la démocratie – s’autoproclamant « leadeur du monde libre » – il suffit de quelques milliards de dollars pour rendre possible la possession par un individu de l’opinion publique.
Le nouveau propriétaire détient à présent l’intégralité du réseau social. L’entreprise sort alors de la bourse publique et devient complètement privée.
À comprendre : complètement à lui. Il s’agit là d’un homme qui, par amusement et envie soudaine, influençait par le passé le cours de la bourse et autre cryptomonnaie à l’aide de simples tweets.
Sans avoir eu, jusqu’ici, la décence de supprimer son compte personnel ; voilà l’individu qui s’offre le réseau social où des millions de femmes et d’hommes s’expriment, débattent, exposent leurs avis politiques, abordent des enjeux sociaux, dénoncent ce qui leur semble inapproprié.
La privatisation de l’expression de millions de gens : voilà ce qui s’est passé ce lundi 25 avril.
Un individu (de plus) détient une arène de débat. Lorsqu’on considère l’importance de Twitter dans la sphère politique, son poids politique, son poids électoral, et que l’on met cela en apposition avec l’utilisation – au mieux douteuse – qu’en a faite le milliardaire jusque récemment, comment prendre cette nouvelle acquisition comme une simple anecdote de plus dans l’histoire d’Internet ?
L’homme est encore capable de s’approprier l’espace public ! L’acquisition de Twitter par M. Musk démontre et annonce un manque d’impartialité dans les rapports de l’arène commune.
Comment exercer sa liberté d’expression lorsque l’on n’est pas sûr de la neutralité de l’espace dans lequel celle-ci est exercée ?