le Mercredi 14 mai 2025
le Vendredi 31 mai 2002 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:35 Société

Le retour du capitaine Bernier au Nunavut Inauguration de Ilititaa…

Le retour du capitaine Bernier au Nunavut Inauguration de Ilititaa…
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L’Association des francophones du Nunavut inaugurait le 16 mai dernier à Iqaluit (Nunavut), au Musée Nunatta Sunakkutaangit, l’exposition itinérante « ilititaa… Bernier, ses hommes et les Inuits » . Ce projet a été réalisé en partenariat avec le Musée maritime du Québec (Bernier).

L’inauguration de ilititaa… au pays polaire du capitaine Bernier a été un succès.

Le président de l’Association des francophones du Nunavut, M. Paul Landry, lui-même un grand explorateur du pôle Nord, a mentionné que Bernier était un mentor, un modèle à suivre en termes de partenariat avec les Inuits. Les aînés du Nord de l’île de Baffin se souviennent encore de celui qu’ils ont affectueusement nommé Kapitaikallak.

C’est d’ailleurs grâce aux souvenirs de ces aînés que Stéphane Cloutier, anthropologue, a découvert l’importance du patrimoine légué par le capitaine Bernier aux habitants du Nunavut ainsi que la contribution des marins du fleuve St-Laurent qui ont accompagné le capitaine durant ses voyages.

« Nous sommes en l’an 2000, raconte Nutaraq Cornelius de Pond Inlet. Ces événements se sont déroulés voilà très longtemps. (…) Mais après plusieurs années, il y a toujours des traces. Kapitaikallak n’a jamais été oublié par les Inuits. Nous le connaissons toujours. Nous avons entendu parler de lui. Nous ne l’avons pas oublié. »

Plusieurs des descendants inuits de Wilfrid Caron, le neveu du capitaine Bernier, étaient très fiers de cette réalisation et cette reconnaissance de leur histoire.

Selon le curateur du Musée Nunatta Sunakkutaangit, Brian Lunger, la cérémonie d’ouverture a donné lieu à l’une des meilleures soirées du Musée en terme de participation du public.

Une photographie illustrant des membres d’équipage et des Inuits de la région d’Igloolik visitant le bateau du capitaine Bernier, alors en hivernage à Arctic Bay, en 1911, a été remise en cadeau au Nunavut par le maire de la ville de Lévis, M. Jean Garon et par le responsable des archives du collège de Lévis, M. Loïc Bernard. Des aînés ont été en mesure d’identifier quelques personnages sur la photographie, dont le vieux grand-père Iqippiriaq.

La rencontre de deux mondes

Avait ensuite lieu, le 25 mai, avec le banquet La rencontre des deux mondes au centre francophone d’Iqaluit. Les descendants du capitaine Bernier sont venus rencontrer leurs cousins du Nunavut.

Mme Suzanne Audet Normandeau, dont la grand-mère fut adoptée par le capitaine Bernier, la sœur de Wilfrid Caron, a mentionné que pendant que les Québécois vont en France afin de retrouver leurs ancêtres, les descendants du Capitaine Bernier, quant à eux, vont dans le Nord pour retrouver leur famille.

Wilfrid Caron a aussi voyagé au Nunavut entre 1910 à 1922. Il a fait quelques séjours prolongés dans la région de Pond Inlet. Il parlait couramment inuktitut, s’habillait, jouait et chassait comme les Inuits. Il a eu une femme inuite, Inuguk Panikpak et plusieurs enfants sont nés de cette union.

Le président d’honneur au banquet La rencontre des deux mondes était le Commissaire du Nunavut, M. Peter Irniq.

Durant la soirée, une dizaine d’enfants ont interprété en trois langues (inuktitut, français et anglais) la chanson thème de l’exposition, ilititaa.. (une version inuite du chant « Un petit navire » ) et une chanson du printemps. Le groupe était accompagnés par John Maurice à la guitare et Rhoda Ungalaq à l’accordéon. Cette dernière a raconté une anecdote. Sa mère lui chantait régulièrement une petite chanson : ilititaa puutinnaviru, ilititaa puutinnaviru, kinava ja ja javinavigi, kinava ja ja javinavigi, ouri ouri. Rodah cru pendant longtemps que cette chanson, dont les paroles n’avait pourtant aucun sens en inuktitut, était vraiment une chanson traditionnelle inuite. Mais un jour, à Montréal, lors d’une rencontre internationale, on demanda aux participants de jouer une pièce typique de chez eux. Rodah joua ilititaa… mais qu’elle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit un homme de Québec monter sur la scène et se mettre à chanter avec elle ! Elle venait alors de découvrir qu’elle avait chanté en français «Un petit navire»!