« J’ai vu que c’était un rassemblement où les gens se disaient que ça fait du bien de se retrouver entre eux. J’ai senti cette énergie pis j’ai embarqué. Ça a fini que j’ai trippé, même si ma voix était pas super en forme », de déclarer l’artiste, quelques minutes après la fin du spectacle. Kevin Parent avait perdu l’habitude de ce genre d’ambiance. « Au Québec, je suis habitué à faire des spectacles dans des salles où les gens sont assis en rangée pis il m’écoute. Ici c’était plus convivial et plus de party », explique-t-il.
C’est à ce moment que Kevin Parent a réalisé que c’était d’abord et avant tout un rassemblement de francophones et qu’il était le divertissement qui suivait de longues heures de réunions. « J’ai joué le jeu et c’est mon métier. Les gens étaient plus chaleureux que ce à quoi je m’attendais, dans le sens où je ne pensais pas qu’il y avait des Québécois ou des Gaspésiens qui connaissaient mes tounes ici. J’ai été agréablement surpris et j’espère que les autres qui ne me connaissaient pas n’ont pas été déçus ou ne se sont pas emmerdés », lance-t-il.
Au début de sa prestation, l’auteur-compositeur-interprète gaspésien a déclaré qu’il n’avait pas l’habitude de parler beaucoup pendant ses spectacles. C’est tout le contraire qui s’est produit. « J’avais le goût de parler. Pis en plus, si je n’avais pas parlé, ça aurait peut-être été froid un peu. J’ai senti que les gens s’attendaient à une soirée entre eux et je voulais être avec eux autres et entre eux autres. Je voulais tripper avec le monde », explique-t-il.
« Au début, je croyais que Yellowknife n’était qu’anglophone. J’ai été surpris pour cela. Mais je ne peux pas dire que je me sens dépaysé », de lancer celui qui a l’habitude des grands espaces et des parties de pêche en Gaspésie. La capitale des Territoires du Nord-Ouest l’a cependant surpris pour son centre-ville. « Mais je savais que c’était un point central pour certaines administrations ».
Et si l’occasion de faire d’autres spectacles dans les communautés francophones canadiennes lui étaient offertes, accepterait-il? « Absolument et sans aucun doute. J’ai aimé l’expérience et les gens étaient très chaleureux. L’année dernière, je suis allé faire un spectacle au Manitoba et cette année, je vais encore plus loin. Je trouve ça un peu plate, par exemple, de venir faire le show et de repartir tout de suite chez-nous. J’aimerais faire une tournée pour être dans un beat et pour voir les différences entre chaque milieu ».
Kevin Parent ne se décrit pas réellement comme « un gars qui a la plume facile ». Pour qu’il écrive sur un sujet, il faut que ça lui trotte dans la tête depuis un bout de temps. « Quant ça fait quelques fois que je pèse sur delete et que ça revient, ça veut dire que j’ai de quoi à dire là-dessus », d’expliquer celui qui se dit un gars d’émotions et de passions. « S’il y a quelque chose qui me touche, qui m’affecte, qui me trouble ou qui me rend vraiment heureux, je vais écrire. Mais je ne suis pas du genre à écrire sur n’importe quel sujet qui passe à la télé ».
Ayant fait sa marque avec ses textes à caractère très personnel, Kevin Parent y voit une façon de s’assumer. « Quand j’écris à la première personne, je ne peux blâmer personne d’autre. Je me sens concerné par ce que je dis. C’est sûr qu’on fait un peu de poésie et de romance, mais quand j’écris à la première personne, non seulement je libère mes pensées, mais je permet aussi à l’auditeur d’embarquer dans mes chansons ».
Pour son troisième album, Kevin Parent a grandi. Il se dit plus mature, a fait de la croissance personnelle et est revenu aux sources, avec sa famille et ses amis. « J’ai fait la paix avec certaines crises et certains sujets ». Quant au premier album, « il s’agit du fruit de ma crise d’adolescence. Le deuxième album, est sorti des frictions et des tensions dûes au succès de Pigeon d’argile et du peu de temps que j’avais pour l’écrire et l’enregistrer. Il y avait beaucoup de pressions à ce moment-là », de conclure celui qui avait profité de sa journée pour faire une petite partie de pêche sur glace dans la région.