La faune nordique est-elle contaminée ? On a détecté la présence de contaminants dans tous les éléments de la chaîne alimentaire arctique. Les niveaux de contamination de la faune dépendent largement des habitudes alimentaires des animaux, les prédateurs ayant des taux de contamination plus élevés que les herbivores. L’âge, le pourcentage de gras corporel, la reproduction et la migration vers des zones contaminées à l’extérieur de l’Arctique sont autant de facteurs qui influencent les niveaux de contamination.
Les principaux contaminants inquiétants de la chaîne alimentaire nordique sont les organochlorés qui sont des pesticides (dont le toxaphène, le chlordane et le DDT) et les produits chimiques industriels (dont les diphényles polychlorés ou PCB).
Les organochlorés dans le Nord proviennent principalement d’autres pays et sont acheminés par les courants atmosphériques. On les retrouve concentrés dans les tissus adipeux des prédateurs hauts placés dans la chaîne alimentaire ainsi que dans la graisse des mammifères marins et dans le foie de la lotte. Les niveaux d’organochlorés sont très bas chez les animaux terrestres et la plupart des autres poissons.
Les principaux métaux lourds retrouvés dans la chaîne alimentaire nordique sont le plomb, le cadmium et le mercure. On a trouvé des niveaux élevés de mercure dans les poissons d’eau douce tandis que les caribous et les mammifères marins accusaient des niveaux élevés de cadmium. Cette présence de mercure et de cadmium est en grande partie reliée à la présence de sources naturelles dans les sols et les rochers du Nord. Toutefois, on estime que l’activité humaine au cours des dernières années a causé une hausse des niveaux de mercure dans l’ensemble de l’environnement. Les recherches semble indiquer que les humains et certains mammifères marins posséderaient des moyens de défense naturels leur permettant de métaboliser le mercure sous une forme non toxique.
Les principales voies d’acheminement des contaminants de sources agricoles ou industrielles sont les courants atmosphériques en provenance de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Nord. Le transport par la voie atmosphérique ne prend que quelques jours.
Les métaux et les radionucléides, par contre, ne seraient transportés qu’en un seul mouvement, composé de l’émission à la source, du transport par les vents et du dépôt. Conséquemment, ils voyagent moins loin que les organochlorés. Les rivières et les courants océaniques jouent également un rôle important dans le transport des contaminants et leur cycle dans l’environnement.
Les contaminants présents dans la chaîne alimentaire nordique ne représentent pas un risque direct à la santé des humains adultes. Les niveaux de contaminants dans les aliments traditionnels sont si bas qu’une, ou même plusieurs portions, ne peuvent rendre une personne malade. Cependant, l’accumulation devrait à long terme être prise en considération lors de l’évaluation des risques à la santé. En particulier, l’accumulation de contaminants chez les femmes enceintes est importante car le ftus en développement demeure très sensible aux effets des contaminants. Les recherches indiquent que les répercussions possibles comprennent un affaiblissement du système immunitaire, qui semble être confirmée par le haut taux d’infections auriculaires chez les jeunes enfants, ainsi que la diminution des capacités d’apprentissage et de la mémoire, comme en témoignent des résultats de tests.
La consommation d’une nourriture traditionnelle est indispensable à la santé, à la diète et à la culture des résidants du Nord. À l’heure actuelle, on estime que les risques posés par la non-consommation des aliments traditionnels sont plus élevés que ceux posés par leur consommation.
Les personnes désireuses d’abaisser leur absorption de contaminants peuvent consommer des mets traditionnels à base d’espèces faibles en graisse mais élevées en éléments nutritifs (comme le caribou et le poisson); tout en modérant leur consommation de graisse de mammifère marin. Certaines méthodes de cuisson (bouillir ou griller) peuvent également diminuer le taux de contaminants en réduisant la quantité de graisse contenue dans ces aliments.